Les études sociologiques montrent combien les pratiques des couples pour l’organisation de leurs revenus sont variées et complexes, le long d’un continuum allant de l’entière mise en commun à la séparation totale. Le partage des dépenses peut se faire dès lors de manière explicite ou implicite, selon l’importance des achats ou des factures. 40% des couples ne parlent pas de la gestion de leurs finances. Et ce qui va les influencer, c’est notamment la manière dont débute la relation, l’engagement dans le quotidien, la communication entre les deux partenaires, les modes de fonctionnement de chacun·e vécus dans le passé, voire ceux hérités des parents.
Lorsque chacun·e contribue à sa manière à la gestion du foyer, avec ou sans enfants, avec ou sans emprunt hypothécaire, c’est un système d’interdépendance qui se met en place, un système de don/contre-don dans l’instant. Pourtant, pour comprendre les inégalités monétaires qui ont lieu au sein du couple, il faut sortir de cette vision immédiate et regarder plus largement, notamment en termes de capitalisation à long terme. C’est là que se joue, dans notre monde néolibéral, la différence entre les plus ou moins riches et les plus ou moins pauvres. A cet endroit-là, les différences entre les hommes et les femmes sont immenses.
Blogs, podcasts, articles, interviews, ouvrages … De plus en plus d’outils sortent ces dernières années au sujet de l’argent en couple. Les féministes osent enfin s’approprier le concept pour en faire un sujet accessible à toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur emploi, leurs revenus, leur statut conjugal… pour qu’elles acquièrent autonomie et sécurité sur le terrain économique qui leur échappe encore bien trop souvent sous le poids historique du patriarcat.
Parler argent dans le couple, c’est penser autant à soi qu’à l’autre. C’est réfléchir au bien-être, à la sécurité et à la dignité de chaque personne au présent et à l’avenir dans les différentes configurations possibles. N’est-ce pas une preuve d’amour ? Une vie digne dans notre société passe par une autonomie financière et une articulation des interdépendances.